Un film de Garth Jennings
Loufoque. C’est l’adjectif qui nous vient à l’esprit, à l’instant même où la première image du film apparaît : des dauphins qui parlent, entraînés dans un ballet aquatique sur fond de "merci, merci pour le poisson !", qui ont prophétisé la destruction de la Terre alors que les pauvres humains pensaient que leur message, délivrés lors de ces belles cabrioles, se limitait juste à un remerciement.
Dès cette ouverture, on est ainsi averti : entrez sans frapper et laissez-vous guider dans un univers improbable. Arthur Dent voit du jour au lendemain sa perception de la réalité transformée : sa maison disparaît car elle se situe sur un tracé d’autoroute, et plus tard la Terre entière disparaît... pour la même raison. Sauvé par un pote extra-terrestre, il va parcourir avec lui l’espace et de nombreuses planètes. Ce squelette de scénario, confrontant l’existence ordinaire d’un terrien à l’aventure de l’espace, accumule les objets étonnants et tout un ensemble de trouvailles qui fonctionnent très bien au cinéma (le film est l’adaptation d’une série radiophonique devenue des livres cultes, de Douglas Adams, the Hitch-Hiker’s Guide to the Galaxy, d’où le sigle H2G2) : portes qui soupirent, vaisseau transformé au gré de ses pérégrinations en pot de fleurs, pilote à deux têtes, tapettes à mouches détecteurs d’idées, ... Tout y respire l’humour anglais, donc mieux vaut en être bien client tant on vous en resservira à l’envi ! Babelfish, aujourd’hui connu pour être l’outil de traduction de Yahoo !, est avant tout un mot créé par Douglas Adams pour illustrer un petit poisson, sorte de traducteur universel instantané, qu’on se met dans l’oreille. Devant un tel défilé de créatures, de personnages improbables, et d’humour nonsense, on se croirait d’ailleurs un épisode de Futurama : Sam Rockwell en roue libre lorgne du côté de l’inénarrable Capitaine Brannigan, Dent est Fry, et les gros monstres procéduriers rappellent les alien d’Omicron Persei 8. H2G2, l’ultime référence de cette grande série d'animation ?
H2G2, avec son sigle très starwarsien, opère dans la parodie de science-fiction dont beaucoup d’idées sont payantes. Le personnage du petit robot, incarné par Warwick Willow Davis, indécrottable dépressif, est excellent : il n’en faut pas plus pour rentrer dans le film, sa voix toujours decrescendo (version comique de la voix du HAL qui se fait déconnecter dans 2001 : l’odyssée de l’espace) collant paradoxalement toujours le sourire au spectateur. Partant dans tous les sens, le voyage ne nous amène pas n’importe où, recentrant l’objectif scénaristique vers la source du tout (la grande question du film, qui n’en est pas une, étant la vie, l’univers et tout le reste). Le constructeur de planètes (Bill Nighty, fidèle à lui-même) nous fait ainsi un tour d’horizon de son usine, mettant la dernière main à Terre 2. Un festival de tout et de rien (dont un petit passage en animation image par image rigolo) qu’apprécierons beaucoup certains, et laissera d’autres sur le carreau. Tentez l’aventure, c’est déjà un peu délirant !
science fiction - Page 11
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H2G2 : le guide du voyageur galactique (2005)
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La mort en direct (1980)
Un film de Bertrand Tavernier
Réalisateur doué, doublé d’un don d’orateur hors pair pour faire partager sa passion du cinéma, Bertrand Tavernier aura touché à une multitude de genres : polar, chronique sociale, film historique, et même science-fiction, comme nous le prouve sa cuvée 1980, adapté d’un roman de l’anglais David Compton.
Dans un futur proche, Katherine Mortenhoe (Romy Schneider), auteur de romans faits par ordinateur est gravement malade, alors même que toutes les maladies ont été vaincues par la science. Une chaîne de télévision entreprend alors de suivre son agonie et d’en faire un show télé, Death Watch. On pose sur les yeux d’un homme, Roddy, un dispositif permettant de filmer tout ce qu’il voit, la caméra étant intégré dans ses yeux. Si bien qu’alors même que Katherine pense s’être enfuie de l’emprise de la chaîne, Roddy, entreprenant le voyage avec elle, enregistre le moindre de ses gestes.
Et le film de nous amener sur des terres plutôt familières, celle de la télé-réalité, dont c’est l’une des premières transpositions cinématographiques. Le personnage du producteur, joué par Harry Dean Stanton, préfigure celui de Max Renn (James Woods) dans Videodrome (1984), qui veut exploiter la nouvelle pornographie : assister à une mort à la télévision. Pour Renn, il s’agira de snuff-movies, auquel Death Watch ajoute le direct ; du moins le croira-t-on, les heures de films compilées servant finalement à créer des émissions enregistrées, dont les extraits sont soigneusement choisis pour leur cruauté et leur vérité. Soit exactement ce qui se passera quelques années plus tard, pas plus loin qu’en France. Et, dans les films plus récents (Dark City, The Truman Show, Les fils de l'homme) comme dans les classiques exploitant le thème de l'aliénation (la série Le Prisonnier), la mer, vers laquelle se dirigent inexorablement les personnages, incarne l'espoir d'une échappatoire.
Roddy (Harvey Keitel, décidément quel casting !) est un personnage captivant, car il personnifie le ciné-œil cher à Dziga Vertov : chacun de ses regards est un plan de film. Il s’instaure donc, dès le début, caméraman dont il est son propre outil. Lorsqu’il s’entretient avec son producteur, Roddy transforme dans l’instant son expérience personnelle de vision en prise de vue : "La scène du lit, elle était bien éclairée ?". La caméra de Tavernier se substitue d’ailleurs, le temps de quelques scènes, à l’œil-caméra de Roddy, le changement intervenant parfois même à l’intérieur d’un même plan, bousculant notre vision des événements (la séquence du dortoir). Cette construction force la conscience, pour le spectateur, d’une mise en abîme constante, le film dans le film se montrant constamment comme tel. Tel un caméraman, Roddy sera dans un premier temps absent, caché du regard de Katherine : l’observant (la filmant) derrière une vitre sans tain, ou d’une partie cachée de la pièce. Si bien que, dès lors que les deux personnages se rencontrent face à face, le spectateur garde bien à l’esprit la nature de Roddy et l’assimile à une caméra vivante. Tavernier nous fait ainsi toucher du doigt le voyeurisme dont nous faisons preuve, et dont fait preuve tout spectateur, à l’image des téléspectateurs du show. Roddy, à l’inverse, va oublier, sans s’en rendre compte lui-même, la cruauté de sa position, et n’en prendra réellement la mesure que trop tard.
L’intérêt du film vient aussi du fait qu’il n’essaye pas d’éviter son appartenance à la science-fiction : il l’embrasse entièrement, à travers le personnage de Roddy, véritable cyborg qui doit veiller à ce que ces circuits restent éclairés de jour comme de nuit. De même, la profusion des affiches annonçant l’émission Death Watch (titre anglais du film, tourné en Écosse et en anglais), donne un cachet vraiment futuriste au récit, même si l’on reste globalement dans ce que Michel Chion appelle une "science-fiction sans imagerie", dénuée des multiples artefacts caractéristiques du genre. Les seuls que nous verrons suffisent cependant à tracer le sillon futuriste, tel l’ordinateur qui écrit les livres de Katherine après qu’elle lui en ait décrit les principaux événements. Ainsi, à la question de Katherine, "Somme nous si fatigués de t’avoir fabriqué que nous ne pouvons plus rien inventer ?", Harriett (c’est son nom), répondra un froid et cynique : "AFFIRMATIVE". Katherine, attachée à "gagner, juste une fois" contre cette société qui semble s’être perdue à elle-même, restera fidèle à son principe. Comme tous les films de science-fiction réussis, La mort en direct nous met face à nous-même, et ce n’est jamais beau à voir. -
Avatar (2009)
Un film de James Cameron
A peine revenu de la séance 3D de ce film événement, il faut (oui, décidément, il le faut) vous faire part de nos impressions sur cet Avatar, sûrement le film le plus attendu de l’année.
Avatar fait définitivement partie de ces films qu’on attend, qu’on a rêvé, alléchés que nous étions par une campagne marketing certes peu discrète, à l’image du mastodonte de Cameron. Dans la chronique de cette séance un peu particulière (trop de gens, trop de pubs, trop long, trop... de lunettes ?) il faut dire dès le début que la projection est bien plus, et devient une "expérience" à part entière, dont on va essayer de distinguer les différents niveaux.
L’expérience d’une image aux textures différentes d’abord : précisions des détails (pas de flou comme on a pu lire ailleurs, cela doit dépendre du projecteur : on espère que votre cinéma est bien équipé !), couleurs virant toutes les teintes vers une intensité presque fluo, et enfin l’ajout de cette profondeur inédite (on a pu vivre des expériences similaires au Futuroscope ou à La Villette, mais sur des durées bien moins importantes) qui rend le film bien plus immersif. Comprendre par là une plus grande proximité avec la scène, l’image des acteurs, l’action enfin. Le film se veut la symbiose de tous ces éléments, ce qui pousse à se demander ce qu’il en restera une fois privé d’une de ses composantes matricielles : sans la 3D, Avatar restera-t-il Avatar ? Pour ma part, rien n’est moins sûr. Pour l’exemple, lorsque Jack devient familier avec l’univers de son avatar, sa voix off nous interpelle : « Tout s’est inversé : c’est comme si la réalité était là-bas [sur Pandora], et le rêve ici [dans le vaisseau, d’où il pilote son avatar]. » Cette différence, cette confusion, c’est celle que vise l’effet de la 3D, pour que l’univers fictionnel ainsi visualisé devienne plus réel que le réel.On retrouvait un pareil paradoxe dans le très bon eXistenZ (1999) de David Cronenberg, où Ted Pikul (Jude Law) avait l’impression de vivre plus, mieux, à l’intérieur, qu’une fois revenu à la réalité. Le film représente en fait le paradigme du virtuel. Ceci dit, pas plus que dans Tron (Steven Lisberger, 1982), dont le texte intrductif réume aussi la posture implicite du film. Rappelons-nous ce texte : "Voici l’histoire de deux mondes et des êtres qui le peuplent. L’un de ces mondes est le nôtre, celui que nous pouvons voir et toucher, le monde des concepteurs qui créent pour notre usage les programmes informatiques. Il se trouve de ce côté de l’écran vidéo. L’autre, à l’intérieur de l’ordinateur, est un univers électronique qui vit et respire au-delà de notre réalité. C’est le monde des programmes, et parce que nous, les concepteurs, l’avons créé, nous faisons aussi un peu partie de ce monde… De l’autre côté de l’écran. "
Une référence qui sous-tend toutes les créations fictionnelles à base de virtuel aujourd'hui. De jeu, il en est aussi question dans Avatar, tant l’immersion, citée plus haut, rapproche l’expérience d’un jeu vidéo dont on serait, si ce n’est le héros, en tous cas un proche observateur ; et ce, dans deux caractéristiques fondamentales des jeux, premièrement, l’observation d’un monde inconnu. Ici, la planète Pandora, que viennent coloniser les hommes, environnement foisonnant de vie extra-terrestre, créatures fantastiques, végétations colorées, nature inviolée, sans compter les Na’vis, géants longilignes à la peau bleue. Une grande partie du métrage se destine à cette exploration d’un monde à découvrir, la caméra scrutant en travellings chaque recoin de cet espace. L’autre dimension du jeu, c’est l’action, ici aussi bien présente, notamment par la division armée de la flotte, qui va, le moment venu, jouer son rôle et transformer le beau terrain de jeu de Cameron en champ de bataille. Ainsi, la 3D est intrinsèquement liée au sens même du film.
L’expérience Avatar, si elle cherche à impressionner, ne le fait malheureusement que techniquement, par ce qu’on a pu voir, et par la modélisation des Nav’is, extrêmement crédible, si bien qu’on ne fait pas la différence entre créatures 100% numérique et acteurs. C’est bien la première fois, car jusque dans les yeux des Na’vis, ce berceau de l’âme, on sent quelque chose se passer, une réelle intensité, qui restait jusque là le dernier rempart non traversé, non réussi, par la modélisation 3D.
Le scénario derrière tout cela, sans dire qu’il est simpliste, ne relève pas les espérances, malgré une durée conséquente (2h40). La faute à qui ? Une corde peut-être trop usée par la science-fiction et d’autres genres, cette parabole sur la guerre, l’ingérence de nations dans les affaires des autres, l’invasion justifiée par les impératifs économiques et la domination du marché, bref tous les parallèles avec les affres de notre monde contemporain sont bien là et transmis, mais tout cela a déjà été fait. Le temps paraît parfois long, tout simplement certains personnages, par trop de manichéisme, semblent des robots sans cervelles, opposés à des écolos ayant une autre vision : personne n’entend personne. Alors, révolution technique oui, révolution visuelle d’accord, mais révolution cinématographique : résolument non. Voir ce film-là en version 2D, je m’y serais ennuyé... platement, si l'on peut dire !Après cette chronique ciné, je m'offre quelques vacances loin de tout ordinateur. Rendez-vous donc le lundi 28 décembre pour de nouvelles aventures cinéphiles !
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La Route (2009)
Un film de John Hillcoat
Doté d’un titre simple, court et sans connotation si ce n’est une annonce de road-movie, La route est, de même, un film âpre, dont la brutalité vous saute à la gorge dès les premiers instants. On nous montre l’errance d’un père et son fils, tentant de survivre sur les ruines du monde, menacés par des gangs cannibales sillonnant un paysage désertique.
Même si les films post-apocalyptiques commencent à se multiplier en ce début de vingt-et-unième siècle, rien n’est semblable à cette Route, qui fait ressembler les humains à des individus déjà morts, au teint terreux, et rapprochent le film d’un fantastique très marqué par le thème des morts-vivants. Allant ceci dit bien plus loin, le film ose montrer ses personnages en vrais SDF, tant par leur nature sédentaire et instable, que par leur apparence (amoncelant les couches de vêtements, devant se couvrir de sacs plastiques, manger tout ce qu’ils trouvent, ...). Tout cela, car la vie n’est plus ce qu’elle était : c’est de survie qu’il est désormais question, pour tout le monde. La peur est un pain quotidien et pousse le père (Viggo Mortensen, cadavre magnifique) à des actes terribles au nom de sa protection et, plus important, de celle de son fils. Paradoxalement, il tient dur comme fer à se revendiquer du clan des gentils, comme il le répètera à maintes reprises au fiston ; pour le spectateur cependant, la distinction n’est pas si commode, quand parfois elle n’a même plus lieu d’être. La correction que va infliger le père à un pauvre ère comme lui, ayant dérober leurs affaires laisse froid dans le dos. Elle est néanmoins le fruit de cette peur dont les personnages ne peuvent plus se défaire.
L’univers détruit et sans vie est rendu avec une belle force, les plans d’ensemble laissant voir la terre désolée, aride et vidée, où tout est mort, y compris toutes forme végétale. Les teintes désaturées, désespérément grisâtres, sur lesquels les personnages ne sont plus que masques de mort grimaçant, dessinent la morne survie qui attend tous ceux encore en vie ; elles tranchent avec les couleurs des quelques flash-backs du père, aux couleurs chaudes, offrant le rêve d’un monde semblant totalement étranger à celui-là. Les causes du cataclysme ne seront pas évoquées, mais là n’est pas l’intérêt : c’est là, cela s’est passé, il faut faire avec. C’est le choix que n’a pas pu faire la femme (Charlize Theron), et qui scelle à mon sens la destinée du duo père/fils ; si la mère avait pu rester avec eux, ils auraient peut-être pu mieux vivre toutes leurs horribles péripéties. Car La route est aussi un film d’horreur, la séquence dite de la cave répondant aux canons du genre, rappelant les canons des films de zombies. L’homme y est un loup pour l’homme, comme depuis la nuit des temps, mais d’une façon bien plus animale et directe que celle à laquelle on ne s’habitue toujours pas aujourd’hui. Comme pourra le dire le père, l’humanité a disparu.
Traumatisant, le film l’est à plus d’un titre, tout comme doit l’être le roman de Cormac McCarthy dont il est tiré. Réussi, on peut l’avancer sans peine, tant l’oppression et l’horreur sont constamment prégnantes. Ce qui m’a le plus terrorisé, c’est au moment où je me suis dit : à partir de quand le monde du film va devenir notre monde ? Et c’est, je vous le garantis, la pire pensée probable que le film nous assène, comme un coup de poignard entre les omoplates.
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The Box (2009)
Un film de Richard Kelly
"Any sufficiently advanced technology is indistinguishable from magic"
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie"
Voir un nouveau film de Richard Kelly relève personnellement d’une gageure, tant son Donnie Darko (2001) m’avait marqué en salles, il y a maintenant quelques années. Dès les premières minutes, la sensation d’assister à un moment indélébile de ciné, avec ce travelling circulant autour de Jake Gyllenhaal assis sur le bitume, était évidente. Ayant pour l’instant zappé Southland Tales (plus pour sa non-distribution en salles que ses critiques mitigées), j’étais plutôt fébrile en entrant dans la petite salle qui projetait The Box près de chez moi.
L’incipit pose directement l’histoire en deux minutes (un couple, années 70 ; une boîte avec un bouton ; si tu appuie, gagne 1 million $ et quelqu’un que tu ne connais pas mourra), révélant instantanément son origine (un récit court de Richard Matheson, digne de la mythique Quatrième Dimension, d’ailleurs prise comme base d’un épisode de sa séquelle en couleur des années 80). Niveau ambiance, on est en présence d’un véritable film d’époque aux détails subtils, les seventies s’exprimant dans l’éclairage (un léger voile blanc occasionnant des halos autour des personnages, qui m’a rappelé Carrie (Brian De Palma, 1976), les couleurs -des orange-marrons délavés, surtout au tout début- les costumes et les coiffures. Le décor est bien planté, je retrouve pour le moment le prodige de Donnie Darko.
Le scénario choisit la piste science-fictionnelle / mystique au lieu de l’interrogation psychologique et éthique induite par le postulat de départ. Le mari (James Marsden) est ingénieur à la NASA, a un rêve déçu, tandis que la femme (Cameron Diaz), professeur, est brisée dans son corps (handicapée à la jambe). La décision qui est prise (uniquement par des femmes : soit, elles seules ont le courage de faire ce qu’il faut, ou alors, ce sont elles qui précipitent le destinée funeste de l’humanité ; le film, sur ces deux possibilités, choisit son camp) amènent à un dérapage fantastique et mystique, à l’image de la fameuse phrase d’Arthur C. Clarke reproduite en exergue. Cette phrase leitmotiv est le paradigme de tout le film, et met en évidence une tension entre sciences (phénomène expliqués par les lois physiques) et sacré (expliqués par le dogme religieux et la foi en celui-ci), plus que fantastique. Les symboles sont nombreux et beaucoup ont remarqué dans The Box une relecture à peine masquée de la genèse. Deux dogmes s’opposent donc, comme souvent dans le cinéma de fantastique ou de science-fiction (rappelons-nous du très bon Prince des ténèbres de John Carpenter).
Si, dans sa première partie, l’intrigue sait être littéralement captivante par ses étrangetés (personnages qui débitent des phrases qu’ils ne devraient pas être sensés connaître ou même avoir l’audace de balancer, bizarreries visuelles), épaulée par une mise en scène posée, tout cela totalement en adéquation avec un certain cinéma américain de la conspiration des 70’s, la seconde, partant un peu dans tous les sens (à partir de la séquence de la bibliothèque), déconcerte -ce qui reste une très bonne chose-, mais rend diffus un scénario qu’on aurait apprécié plus tendu. Deux films semblent se confronter ici, dans un combat des plus schizophrènes.
L’explication finale, assez convenue, aurait sûrement gagnée à être plus nébuleuse et amenée moins frontalement. Le dernier acte fait aussi baisser la tension de façon significative, et on déplore que tout ce mystère soit achevé de façon simpliste.
Certaines choses sont cependant diablement excitantes, notamment le fait que toutes les personnes appuient sur le bouton, à chaque fois que l’occasion leur est présentée. Tout le monde prend le risque d’un dommage majeur pour un gain qu’ils estiment immanquable.
Ne pouvant être considérée comme une franche réussite, The Box montre que Richard Kelly peut encore nous épater, mais qu’il doit savoir faire le tri dans le(s) film(s) multiple(s) qu’il nous propose.
Disponibilité vidéo : Blu-ray / DVD - éditeur : Wild Side Video